Quelque part au début des années 1990, une soirée de « zapping » abrutissante est interrompue par un signal pirate prenant peu à peu le dessus sur l’image. Tour à tour, les chaînes se voient dominées par des flots de couleur issus d’effets de rétroaction vidéo, des images de guerres tribales vues à travers un oscilloscope modifié, et un torrent d’armes à feu dont la violence est répétée par modulation de luminance. Par ces techniques analogiques provoquant des défaillances dans la bande vidéo, une imagerie abstraite se dessine afin de prévenir le téléspectateur passif que le système politique américain d'extrême droite qui l’attend ne résulte pas d’un revirement de situation inattendu. Au lieu de cela, une montée de mesures politiques de plus en plus conservatrices s’aperçoit, de même que la façon dont la télévision formate la perception du public. Au fur et à mesure que Cable Box progresse, les publicités, les sitcoms et les segments de bulletins de nouvelles mettent ainsi en évidence la vraie nature de la télédiffusion : servir les intérêts financiers et néolibéraux des conglomérats médiatiques. Composé d'images trouvées provenant de centaines de cassettes VHS, Cable Box est fidèle à la tradition de l'art vidéo consistant à retourner le signal télé analogique contre lui-même.
Comme Nam June Paik et Richard Serra avant lui, le réalisateur Rob Feulner (né en 1987) utilise les outils de la télédiffusion pour montrer que le signal télé manipule la société selon une idéologie élitiste, et il le fait tout en créant des liens thématiques avec notre paysage Internet actuel.