Comment Mesurer la Distance

22 février 2024 au 22 mai 2024
 
Description

Dans l’œuvre vidéo untitled part 1: everything and nothing de Jayce Salloum, tournée à la fin de l’occupation israélienne au sud du Liban, la militante et ancienne prisonnière Soha Bechara pose une question poignante :

« La distance, dans son essence, comporte tant de facettes. Se limite-elle simplement à la mesure des kilomètres, dictant la séparation et évoquant l’attente? Une plus grande distance entraîne-t-elle nécessairement une plus grande souffrance, et la proximité atténue-t-elle la douleur? »

Commissariat
Joyce Joumaa

Joyce Joumaa est une artiste vidéo et une travailleuse culturelle basée entre Beyrouth et Tiohtià:ke/Montréal. Son travail se concentre sur des microhistoires au Liban afin de comprendre comment les structures du passé influencent le moment présent. Au cœur de son travail se trouve un intérêt pour la charge politique inscrite dans les espaces et la psychologie sociale qui se déploie à partir de cette tension. Elle est lauréate du programme de résidence de commissaire émergente 2021-2022 au CCA, le Centre canadien d'architecture.
 

Durée du programme
109:00

Liste des œuvres au programme

Les interrogations de Bechara servent de pierre angulaire à la thématique du programme de films How to Measure Distance, qui explore les dialogues contemporains gravitant autour de l’appartenance et de l’exil dans le monde des pratiques documentaires. Salloum, réputé pour sa contribution significative au milieu de l’art documentaire et vidéo à l’échelle du pays, met en avant des paysages qui divergent de l’expérience canadienne, relatant ainsi son héritage libanais. Par l’entremise d’une approche cinématographique qui reflète souvent sa position de cinéaste canadien d’origine libanaise, il capture des paysages et des récits qui semblent étrangers à son pays d’adoption.

Dans le cadre d’un échange à la fois cru et philosophique, Salloum s’engage dans une conversation directe, sous forme d’interview, avec Bechara, une figure éminente du mouvement de résistance libanais, peu après sa libération de captivité israélienne. Entre les questions méticuleusement élaborées de Salloum et les réflexions introspectives de Bechara, le dialogue invite le public à imaginer le territoire libanais occupé et l’histoire déchirante de désobéissance de Bechara. Une approche très similaire se retrouve dans The Last Carib Indian réalisé par Jean ‑Marc Superville Sovak, dans lequel la conversation est fondamentalement liée à la notion d’indigénéité et à l’importance de raconter son histoire.

Le programme explore en profondeur le concept de distance en tant que thème central, incorporant un large éventail de voix. Dans L’image de l’Afrique de Cheikh Tidiane Gadio, le cinéaste cherche à décrypter les perceptions de l’Afrique en interrogeant des Québécois et des Québécoises sur leur connaissance du continent. Présenté sous forme d'interview, le documentaire présente une réflexion bouleversante sur la manière dont les populations extérieures à l’Afrique imaginent le continent et ses peuples, et en quoi cela découle souvent d’un manque d’exposition et de compréhension historiques. Par l’intermédiaire de discussions guidées par un protagoniste noir, le film souligne le fossé de perception existant à travers les sociétés et les distances.

Lors de ces conversations cinématographiques, notamment, la distance transcende le simple espace physique, et englobe des séparations de nature émotionnelle, culturelle et sociale. Ainsi, sa portée s’étend au-delà des mesures conventionnelles, nécessitant une compréhension nuancée de la pluralité des facteurs qui façonnent nos perceptions de distance et d’appartenance.

Il est primordial de souligner que dans chacun de ces dialogues, le concept de chez soi, entremêlé avec celui de distance, sert de catalyseur au voyage existentiel entrepris par les divers protagonistes. Cette quête perpétuelle d’identité est marquée par un respect touchant envers le paysage du foyer, un motif récurrent tout au long des récits. Ici, les cinéastes exploitent leurs expériences vécues pour articuler une réalité qui résonne profondément : la vérité d’affirmer sa présence dans un paysage ancré dans la mémoire.

Dans des œuvres telles que New Lives, The Needle and the Drum et Memory is a Dying Horse, les cinéastes naviguent parmi les complexités de leur existence postmigrante au sein d’un pays d’accueil. Au cœur de ce profond schisme, de nouvelles représentations de paysages émergent, les mots se transforment et les émotions fluctuent. À travers le prisme du documentaire, ces cinéastes éclairent les subtilités de l’adaptation, de la résilience et de la nature évolutive de l’appartenance face au déplacement et à la transition.

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